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Jeudi à 10h. Dans un immeuble du quatorzième arrondissement retentit l'alarme anti-incendie. Comme exigé en telle situation, l'immeuble se vide de ses occupants. Aucun feu pourtant. Mais le but de l'opération est autre que d'effectuer un exercice. Cette alarme a été déclenchée par l'un des militaires de l'opération COVID-19. L'immeuble vidé, tous les occupants sont emmenés par les soldats dans le parc le plus proche pour un dépistage de la covid et si ce n'est pas déjà fait, pour se faire vacciner. Il s'agit en l'occurrence du parc Montsouris. Arrivés au parc, tous ces patients malgré eux sont répartis en une dizaine de files d'attentes, la moitié pour les tests, l'autre pour les vaccins. De très longues files d'attentes, car ce traitement militaire, ce sont tous les immeubles du quartier qui le subissent au même moment, sans distinction entre bureaux et habitations.
Ce type d'opération devrait être appliqué à tout Paris selon les dernières directives du gouvernement. L'objectif affiché est de couvrir la totalité de la capitale en une semaine, puis de répéter l'opération chaque semaine tant que la situation sanitaire l'exigera. La grande majorité des patients que nous avons pu interroger dans ces queues comprennent et acceptent ces mesures tout en exprimant un certain agacement lié au temps d'attente.
Vers 11h, les personnes présentes dans une des files d'attente assistent à une scène violente de l'autre côté de la grille. Des policiers appréhendent un homme, le plaquent au sol tandis qu'il essaie de résister et une fois l'individu immobilisé, lui passent les menottes. L'individu avait profité qu'un immeuble soit vide pour y pénétrer et y voler divers objets. Dans la queue, un quarantenaire nous livre son sentiment: "Aucune pitié pour ce type ! Pourtant, j'aime pas spécialement la police et d'habitude, je suis plutôt révolté par les violences policières. Mais un mec qui profite de la situation pour dépouiller ses concitoyens, on n'a pas besoin de ça en ce moment ! Bien fait pour sa gueule !" Quelques minutes plus tard, ce quarantenaire perd patience et quitte la queue: "J'en ai plein le cul de ces conneries... Ce que je veux, c'est l'aventure !" Il s'éloigne, allume une cigarette, tire une deux bouffées, l'éteint et la jette à peine consumée dans une poubelle. Puis il s'en va au loin dans la forêt.
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